Un record vient d'être battu : celui de l'habitat le plus profond pour un animal terrestre. Il s'agit d'un arthropode de la classe des collemboles, Plutomurus ortobalaganensis, qui vit jusqu'à 1.980 mètres sous terre, dans le gouffre de Krubeja-Voronja en Géorgie.

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    Il existe environ 7.900 espèces de collemboles dont 240 sont troglophiles (qui vivent dans le milieu souterrain). © Jordana et al. 2012, Terrestrial Arthropod Reviews

    Il existe environ 7.900 espèces de collemboles dont 240 sont troglophiles (qui vivent dans le milieu souterrain). © Jordana et al. 2012, Terrestrial Arthropod Reviews

    Près de 2.000 mètres sous terre ! C'est jusqu'à cette profondeur que vit Plutomurus ortobalaganensis, une nouvelle espèce d'arthropode de la classe des collemboles (il ne s'agit pas d'un insecte au sens strict, terme désormais réservé aux espèces de la classe Insecta)). Elle a été retrouvée dans le gouffre de Krubeja-Voronja, la cavité naturelle la plus profonde du monde, située en Géorgie, près de la mer Noire. Voilà qui établit un nouveau record de profondeur souterraine pour un animal terrestre, détenu précédemment par Ongulonychiurus colpus, un collembole vivant à -550 mètres...

    La précision « pour un animal terrestre » est de mise car lorsque les auteurs affirment que ce collembole est « l'invertébréinvertébré qui vit le plus profondément sous la surface de la Terre », ils oublient le nématodenématode Halicephalobus mephisto retrouvé dans les eaux d'une mine en Afrique du Sud et vivant jusqu'à -3.600 mètres. Le record de Plutomurus ortobalaganensis est donc relatif...

    Vue dorsale d'<em>Anurida stereoodorat</em>a, une des quatre espèces de collemboles découvertes dans le gouffre de Krubeja-Voronja. © Jordana <em>et al. </em>2012, <em>Terrestrial Arthropod Reviews</em>

    Vue dorsale d'Anurida stereoodorata, une des quatre espèces de collemboles découvertes dans le gouffre de Krubeja-Voronja. © Jordana et al. 2012, Terrestrial Arthropod Reviews

    Plutomurus ortobalaganensis : une vie en conditions extrêmes

    La découverte des chercheurs ibériques du musée d’Histoire naturelle de Valence et de l'université d’Aveiro est néanmoins importante car elle montre que la vie en conditions extrêmes n'est pas si rare que cela. À ces profondeurs, les températures sont souvent plus chaudes, la concentration en oxygène moins importante et l'obscurité totale nécessite des adaptations. Par exemple, les quatre espèces découvertes sont dépourvues d'yeuxyeux mais possèdent d'autres sens permettant de se repérer, comme la chémoréception.

    Au jeu de l'adaptation, les collemboles sont du reste assez doués. Ces hexapodeshexapodes aptèresaptères ont colonisé à peu près tous les milieux terrestres et on les retrouve même dans des zones humideszones humides comme les mares, les zones intertidaleszones intertidales, etc. Nombre d'entre eux sont des habitués des grottes : 240 espèces seraient troglophiles, que ce soit en profondeur ou en altitude.

    La campagne de recherches a par ailleurs mené à la découverte de trois autres espèces, à des profondeurs diverses, comme le rapportent les scientifiques ibériques dans Terrestrial Arthropod Reviews. Parmi elles, Schaefferia profundissima vit à environ -1.600 mètres. Anurida stereoodorata et Deuteraphorura kruberaensis ont quant à elles été découvertes à proximité de l'entrée du gouffre, à -100 mètres environ.